D’une interface à l’autre

Première interface

Depuis ses débuts en 2014, le programme de recherche Collecta a connu deux phases de développement dont la première a conduit à la mise en place d’une base de données, d’un back-office et d’une première interface de site web. Lors de cette première phase (Projet Synergie HESAM Université – COLLECTA « Actualisation numérique de la collection de François-Roger de Gaignières, 1642-1715 ») l’équipe de recherche s’était donnée pour objectif de reconstituer la collection aujourd’hui éparse et en partie disparue, de François-Roger de Gaignières, sur la base du premier inventaire de 1711, rédigé du vivant de l’antiquaire. C’est dans le souci d’exposer la logique classificatoire du collectionneur, construite autour du principe de copies consultables dans des rubriques différentes, que le modèle par points a été imaginé, en permettant d’embrasser d’un seul coup d’œil l’ampleur de cette collection.

Sur le plan de l’aspect du site, l’idée a été d’assumer le caractère numérique de l’interface tout en étant au plus près de l’esprit de la collection, sans tomber dans le pastiche. Cinq entrées avaient alors été privilégiées afin de répondre à différentes attentes et types de consultation :  entrée par l’aperçu aléatoire de la collection, entrée par le modèle par points, entrée par les critères de recherche simple, entrée par la recherche détaillée, entrée par l’inventaire de 1711.

Une deuxième interface

La deuxième phase du projet a ajouté à ces cinq entrées une nouvelle manière d’explorer la collection : celle par la carte et le territoire. En effet, l’obtention d’une ANR en 2018 (programme de recherche « ANG-G. Archive Numérique Géolocalisée – la collection Gaignières », Projet-ANR-18-CE27-0003) a permis de développer un nouvel enjeu, celui de l’intégration des données géolocalisables de la collection, mettant notamment l’accent sur les vues topographiques et les monuments recensés et dessinés par Gaignières et son dessinateur Louis Boudan. L’ajout des éléments relatifs à la géolocalisation a été une occasion supplémentaire d’enrichir le site, donnant la part belle aux documents visuels, aux monuments et aux armoiries permettant d’identifier des liens qui unissent des familles à des territoires.

La démarche et les méthodes de Gaignières sont en outre rendues visibles grâce à la carte (réseau de correspondance, déplacements in situ, etc). Interroger certains contenus jusqu’à présent invisibles, a ainsi permis de vérifier des hypothèses pressenties, de confirmer des intuitions, et de croiser des champs de données difficilement comparables. Si les coordonnées GPS des documents relatifs à un lieu, à des monuments, avaient déjà été en partie entrées dans la base de données au préalable (ce qui a été d’une grande aide et un gain de temps), il s’agissait en effet de leur donner une consistance visible en les indiquant sur plusieurs fonds de carte (Open Street Map, Cassini), d’en permettre l’interrogation et la consultation.

Dans le cadre de cette nouvelle interface géolocalisée, le programme a en outre développé l’application mobile de sciences participatives Collecta+, qui peut contribuer à l’étude des points en mettant à profit les connaissances des historiens locaux.

Dans le champ des humanités numériques, situer un point sur une carte est assez fréquent. Mais cette opportunité permise par le numérique a été l’occasion d’une refonte du site initial, d’une réflexion générale sur l’intégration de ces données, sur l’expérience utilisateur et les modalités de navigation au sein du nouveau site web. L’enjeu était de garantir une nouvelle unité à l’ensemble du site et d’éviter la juxtaposition de pages décorrélées les unes des autres. Le développement de l’application a ainsi participé à l’émergence d’un principe de navigation du site web permettant une visualisation des résultats d’une recherche sur le modèle par points, ou sous forme de carte, de mosaïque ou de listes, en passant de l’une à l’autre tout en maintenant les critères de recherche actifs.

Le nouveau moteur de recherche permet de faire converger une recherche simple et une recherche avancée. La partie « Critères de recherche » permet aux usagers de visualiser ses critères de recherche, de les associer et de les modifier en fonction des résultats obtenus. Cet espace dédié aux critères de recherche est aussi un point de jonction visible avec la base de données et le back office (espace qui permet la qualification des données par les historiens), de sorte que l’apparition des critères constitue déjà une façon de se familiariser avec la nature des contenus de la collection, répondant ainsi à un rôle didactique pour l’usager qui découvre la collection, lui suggérant d’emblée des champs interrogeables.

Comme on peut le constater sur ces images, l’ensemble des éléments présents dans la première version du site ont par ailleurs été conservés, comme le modèle par points qui reste central et permet de situer les résultats d’une recherche dans la collection ; certains ont changé d’emplacement comme les vidéos relatives à la matérialité de la collection qui se trouvent désormais dans la partie « Collection » du menu, et non plus sur la page d’accueil. La notice détaillée de chaque document a été remaniée car l’enrichissement en données, notamment l’ajout des contributions de contributeurs extérieurs via l’application, nécessitait de mieux la structurer pour s’y retrouver. Ainsi se succèdent différentes rubriques : Références dans les anciens inventaires / Conservation du document / Création et histoire du document / Sujets traités / Topographie et géolocalisation / Commentaires et ressources / Citer cette source. Sur le plan de la navigation, des améliorations ont été apportées permettant dans une notice dédiée à un document d’afficher, sans scroller, les différentes options proposées (« États et variantes de ce document » ; « Usages de ce document » ; « Textes et ouvrages liés à ce document » ;  « reconstitution du recueil d’origine » ; « Inventaire détaillé du recueil d’origine » ; « Carnet des contributeurs ») ou de se déplacer plus facilement, pour passer de la reconstitution d’un portefeuille aux inventaires détaillés par exemple.

Billet rédigé par Lauren Launay à partir des notes de Sophie Fétro.

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