« Exploiter des corpus de données géolocalisées » (journée d’étude, 14 octobre 2020)

La géomatique constitue un champ d’exploration très important au sein des humanités numériques. Une grande part du corpus rassemblé par François-Roger de Gaignières, constituée de vues à sujet topographique (cartes, paysages, vues de monuments, relevés d’œuvres d’art ou d’inscriptions in situ), se prête tout particulièrement à ces approches. Le programme Collecta, développé dans le cadre de l’ANR « Archive numérique géolocalisée : la collection Gaignières » et du DIM “Sciences du texte et connaissances nouvelles”, propose de mettre en place des moyens d’exploration et d’exploitation spatiale de ces sources – visuelles comme textuelles – en s’appuyant sur la reconstitution numérique de la collection.

Après avoir offert à la communauté des chercheurs (en particulier aux médiévistes et aux modernistes qui se servent de la collection Gaignières comme source), les moyens d’une étude critique des documents collectés par l’antiquaire et recontextualisés dans leur environnement de production et de classement, Collecta souhaite aller plus loin et permettre d’exploiter ces documents en utilisant la cartographie. Celle-ci rend possible de déplacer le regard sur ces sources, de prendre de la hauteur, de changer d’échelles de point de vue et de faire émerger des réseaux et des systèmes à partir d’objets qui pouvaient sembler autonomes.

Aussi le site Collecta est-il en train de développer une nouvelle interface dédiée à la géolocalisation qui permettra de visualiser sur une carte chaque document géolocalisable (c’est-à-dire qui possède des coordonnées gps) et de présenter des résultats de recherches croisant des données topographique, chronologique et typologique. Le programme a en outre ouvert un volet de science participative en se dotant d’une extension, Collecta+, application mobile qui permettra également de collecter un certain nombre de données géolocalisées.

Les trois difficultés principales rencontrées dans ce nouveau développement relèvent du corpus lui-même (les choix de Gaignières ne vont-ils pas avoir une incidence sur les résultats modélisés sur la carte ?), de l’indexation et de l’interopérabilité (comment fédérer nos projets sans que cela devienne trop lourd à gérer ?) et de la visualisation des données (comment donner à voir des résultats de recherche automatisés en tenant compte de ces limites ?).

La journée d’étude qui a été organisée le 14 octobre 2020 à l’École du Louvre a été l’occasion de confronter plusieurs projets partageant les mêmes objectifs en histoire de l’art, histoire et archéologie afin de comparer les problématiques, les démarches et les outils, dans le cadre de travaux portant sur les périodes médiévale et moderne. On a privilégié les approches réflexives et méthodologiques, en abordant aussi bien les bilans et retours de programmes déjà aboutis que les pistes ouvertes par des projets en cours de développement ou même les questions soulevées par la pertinence de cette approche en vue de futures applications. Des comptes rendus des différentes interventions, rédigés par Elise Vanriest et Damien Bril, sont présentés sur ce carnet de recherche.

Programme et comptes rendus des interventions :

• Anne Ritz-Guilbert (École du Louvre / IRHT) : Introduction ;
• Elise Vanriest (IRHT) et Damien Bril (École du Louvre) : Voir de loin la collection Gaignières : les enjeux de la géolocalisation ;
• Sophie Fétro (université Paris I Panthéon-Sorbonne) : Géolocaliser : opérer un décentrement des systèmes de géolocalisation par le design ;
• Jérémy Delmulle (IRHT) : Les voyages littéraires mauristes (XVIIe-XVIIIe siècles) : édition électronique, network mapping et cartographie dynamique ;
• Olivier Marlet (université de Tours) : L’Atlas archéologique de Touraine et sa plate-forme de webmapping ;
• Kim Sacks (université Paris I Panthéon-Sorbonne) : Métadonnées et visualisations : design pour l’automatisation ;
• Laurent Costa (université Paris Nanterre) : L’interface Géo ;
• Noëlle Deflou-Leca (université de Grenoble) : Col&Mon : un programme d’analyse spatiale du phénomène religieux médiéval ;
• Laurent Hablot (EPHE) : Géolocaliser les sceaux et les emblèmes, quelle pertinence ? ;
• Matteo Ferrari (EPHE) : Les enjeux de la géolocalisation appliquée aux études héraldiques : le projet ArmmA ;
• Olivier Canteaut (Ecole nationale des chartes) et Sébastien Nadiras (Archives nationales) : Le Dictionnaire topographique de la France, référentiel géo-historique ;
• François Bougard (IRHT) : Conclusion.

Programme de la journée à télécharger (PDF).

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